L’échec d’un projet novateur en Seine-Saint-Denis

Ricardo Bofill s’était pourtant beaucoup impliqué dans ce projet, mais le résultat est sans appel : les Espaces d’Abraxas de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, ne sont pas à la hauteur des espérances de l’architecte espagnol, qui, las de l’architecture d’après-guerre, s’était donné pour mission de construire des logements d’un nouveau genre à la fin des années 70.


Alors, Bofill a entrepris de construire, de 1978 à 1983, 610 nouvelles résidences issues d’une « utopie » fermée. L’ensemble immobilier Abraxas imaginé par le Catalan, ainsi désigné de temps à autre, se constitue de 3 bâtiments : le Théâtre, l’Arc et le Palacio, qui abritent désormais des familles modestes. Cette conception est directement inspirée du théâtre antique : « L’idée était de construire trois pièces d’une place théâtralisée fermée sur l’extérieur, au centre de laquelle se trouve une arche. Le bâtiment du Théâtre est l’avant-scène et celui du Palacio, le plus exceptionnel des trois au niveau de la construction, est l’arrière-scène. »


A l’époque, ce projet révolutionnaire avait pour but de « théâtraliser l’espace » comme s’accordent à le dire Manolo Nunez-Yanowsky, architecte espagnol ayant contribué à l’élaboration du projet immobilier, et Bofill. Ces deux révolutionnaires et précepteurs étaient fatigués de voir les catastrophes architecturales qui ont vu le jour en Espagne dans les années 60, pour reconstruire les dégâts des bombardements.


Mais ce projet immobilier n’est pas un succès selon Bofill, car il n’a pas réussi à influencer les générations suivantes, qui ont continué de faire des « barres » et qui n’ont pas pris en compte son modèle. Peut-être trop avant-gardiste, peut-être la rupture a-t-elle été trop brutale, peut-être le Catalan s’est-il trompé de décennie, ou de pays. Cet espace fermé, étouffant, n’a pas séduit la population française, pourtant en cruel manque de logements dans les années 70, à cause du fort accroissement démographique. D’Abraxas, le complexe immobilier est devenu « Alcatraz » à cause de son caractère très fermé.


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